Fonds en euros : pourquoi leur baisse ? Raisons et perspectives

2,6 %. Ce chiffre, sec, résume l’état d’esprit des épargnants en 2023 face aux fonds en euros. Longtemps chouchous de l’assurance-vie, ils subissent désormais une transformation silencieuse : bonus réservés aux audacieux, rendement à deux vitesses, et une mécanique de répartition des gains qui ne ressemble plus à celle de la décennie passée.

Derrière ces évolutions, la réglementation européenne impose aux assureurs une discipline stricte sur la gestion de leurs actifs, limitant leur marge de manœuvre. Alors que les taux obligataires remontent, l’incertitude plane sur l’année 2025. Les regards se tournent vers l’avenir, mais la confiance s’effrite.

Fonds en euros : pourquoi leur rendement fait grise mine ces dernières années ?

Le rendement des fonds en euros, autrefois référence de stabilité et de performance tranquille, s’essouffle. Ce n’est pas un accident de parcours, mais une tendance qui se confirme d’année en année. La garantie du capital, l’effet cliquet et le partage des bénéfices, longtemps plébiscités, se heurtent désormais à des réalités économiques plus rugueuses.

Les chiffres sont sans appel. En 2013, le rendement moyen flirtait avec les 2,8 %. En 2023, il stagne à 2,6 % selon la Fédération française de l’assurance, pendant que l’inflation bondit à près de 5 % d’après l’INSEE. Pour le détenteur d’assurance vie, cela signifie que la performance réelle de son placement passe dans le rouge.

La racine du problème ? Les taux d’intérêt ultra-bas que la Banque centrale européenne a imposés après la crise des dettes souveraines. Les assureurs se retrouvent avec des portefeuilles d’obligations anciennes, souvent souscrites à des taux devenus dérisoires. Impossible d’espérer une remontée des rendements tant que cette épine reste enfoncée. Et la garantie du capital, si rassurante, bloque toute prise de risque qui pourrait redynamiser les résultats.

Année Rendement moyen des fonds en euros Inflation
2013 2,8 % 0,9 %
2023 2,6 % 5 %

Ajoutez à cela la fiscalité de l’assurance vie, avec ses prélèvements sociaux et le PFU, qui vient encore rogner le rendement net. Même les bonus de rendement conditionnés à une part en unités de compte ne suffisent plus à inverser la tendance. Le contraste avec le coût de la vie se creuse, la revalorisation stagne, et la mécanique de soutien monétaire laisse les épargnants sur leur faim.

Les mécanismes qui pèsent sur les performances en 2025

Pour 2025, la partie s’annonce serrée pour les fonds en euros. Plusieurs éléments viennent freiner leur capacité à offrir du rendement.

D’abord, la remontée des taux d’intérêt orchestrée par la BCE. Certes, elle permet aux assureurs d’acheter de nouvelles obligations plus rémunératrices. Mais le portefeuille reste dominé par des titres anciens, à faible rendement. Le renouvellement se fait progressivement, au rythme des échéances, sans effet immédiat sur la performance globale.

Les arbitrages deviennent plus fréquents entre fonds euros classiques et versions dynamiques. Les gestionnaires, à la recherche d’un peu plus de dynamisme, injectent davantage d’actions ou d’immobilier dans la poche d’investissement. Pourtant, la garantie du capital impose des limites strictes. La volatilité des marchés financiers complique toute prise de risque, et le bonus de rendement, souvent mis en avant, n’est accessible qu’aux souscripteurs prêts à s’engager sur la durée ou à diversifier vers les unités de compte.

Les réserves accumulées lors des années fastes, comme la PPB ou le RAN, servent aujourd’hui de matelas pour amortir la baisse, mais ces coussins s’amenuisent. En parallèle, le taux du Livret A, bloqué à 3 %, pèse sur la compétitivité des fonds en euros. Les épargnants comparent, et la prudence domine. La gestion des fonds euros doit donc jongler avec des contraintes réglementaires, une allocation prudente et une revalorisation au ralenti.

Faut-il encore miser sur les fonds en euros ou regarder ailleurs ?

Au sein des comités d’investissement, la question est sur toutes les lèvres : les fonds en euros peuvent-ils encore tenir leur place ou faut-il se tourner vers d’autres horizons ? La garantie du capital garde ses adeptes, surtout quand l’incertitude des marchés s’invite. Mais le rendement, une fois l’inflation déduite, ne parvient plus à faire illusion. Le Livret A, solidement installé à 3 %, vient encore renforcer le dilemme.

Pour diversifier, les assureurs mettent en avant plusieurs options :

  • fonds euro-croissance
  • fonds en euros dynamiques
  • fonds en euros immobiliers
  • et bien sûr, la diversification via les unités de compte

Les supports en ETF, SCPI ou OPCI séduisent ceux qui acceptent une part de risque supplémentaire, en visant un rendement plus élevé et l’opportunité de profiter d’une éventuelle reprise des marchés. Les contrats d’assurance vie les plus modernes proposent une gestion pilotée, qui combine prudence et exposition mesurée à la croissance. Aujourd’hui, la prime de rendement va à ceux qui savent équilibrer sécurité et diversification. Mais nul besoin de s’accrocher à la nostalgie : le rendement d’autrefois sur les fonds euros n’est plus au rendez-vous. Pour espérer mieux, il faut accepter de jouer sur le temps long ou de chercher la valeur ailleurs.

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Conseils pratiques pour prendre la bonne décision selon votre profil d’épargnant

Votre stratégie dépend de la place que vous accordez à la sécurité et à la performance dans votre épargne. Voici comment adapter vos choix selon votre profil :

Profil prudent : Si la sécurité et la garantie du capital priment pour vous, les fonds euros classiques gardent leur intérêt. Ils offrent toujours une protection contre la volatilité, mais le rendement net reste limité. Gardez un œil sur la performance réelle après inflation, et ne négligez pas l’impact des prélèvements sociaux. Pour ceux qui détiennent un contrat d’assurance vie depuis plus de huit ans, la fiscalité reste avantageuse, mais les gains spectaculaires ne sont plus d’actualité.

Profil équilibré ou dynamique : Pour ceux qui recherchent un potentiel de rendement supérieur, il devient nécessaire de diversifier une partie de l’épargne vers les unités de compte. L’intégration d’ETF, SCPI ou OPCI dans un contrat d’assurance vie permet d’espérer de meilleures performances, au prix d’une volatilité plus marquée. La gestion pilotée peut être un atout, ajustant automatiquement l’exposition selon votre horizon et votre tolérance au risque.

Choix entre gestion pilotée et gestion libre : La gestion pilotée s’adresse à ceux qui préfèrent déléguer les décisions à des professionnels. À l’inverse, la gestion libre convient à ceux qui souhaitent maîtriser eux-mêmes la répartition entre fonds euros et unités de compte, selon l’évolution des marchés.

Examinez attentivement la structure des frais, notamment sur les supports en unités de compte. La fiscalité de l’assurance vie reste compétitive, surtout avec le PFU,, mais il peut être judicieux de comparer avec d’autres solutions si votre objectif se concentre sur le rendement net. Adapter régulièrement votre allocation, c’est la meilleure façon de garder votre épargne sur la bonne trajectoire, quel que soit le climat économique.

Rien n’est figé. La baisse des fonds en euros bouscule les habitudes, mais elle invite surtout à repenser sa stratégie et à choisir, en conscience, la voie la plus adaptée à ses ambitions. Les lignes bougent, et ceux qui sauront les lire prendront une longueur d’avance.