Actions ou dollars : quel est le meilleur investissement ?

Entre 2010 et 2022, le dollar américain s’est apprécié de plus de 35 % face à l’euro. Dans le même temps, l’indice S&P 500 a progressé de 247 % en dollars, mais seulement de 155 % pour un investisseur européen non couvert contre le risque de change. Les performances brutes varient fortement selon la devise de référence.

Les fluctuations des devises impactent directement la rentabilité finale, parfois à la faveur de l’investisseur, parfois à son détriment. La diversification monétaire peut réduire certains risques, mais expose à d’autres inconnues, notamment lors de périodes de volatilité accrue sur les marchés des changes.

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Actions et dollars : deux approches d’investissement à bien distinguer

Sur le marché actions, l’appétit pour les actions américaines ne faiblit pas. Les performances hors norme du S&P 500, la croissance insolente des géants technologiques et la vitalité du Nasdaq séduisent. Pourtant, investir en actions et miser sur le dollar sont deux paris distincts. Derrière chaque titre coté à Wall Street, il y a certes une entreprise, mais aussi une exposition directe à la devise américaine. La moindre oscillation de la parité eur/usd peut bouleverser le rendement final, parfois dans des proportions inattendues.

Faut-il alors trancher entre dollars américains et actions ? Chaque option suit ses propres logiques. Opter pour des ETF d’actions américaines via un compte-titres ordinaire (CTO) ou une assurance vie revient à miser à la fois sur la santé des sociétés et sur la stabilité des devises. À l’inverse, choisir le dollar comme actif de réserve, via des fonds monétaires ou des obligations US,, c’est s’appuyer sur la solidité de la monnaie, les décisions de la Fed et la dynamique macroéconomique des États-Unis.

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Placement Exposition principale Rendement moyen (2010-2022)
Actions S&P 500 (en dollars) Marché actions + dollar +247 %
Cash en dollar Devises, taux courts US Variable selon taux Fed

Ce choix n’est pas anodin. Sur la durée, le poids de la volatilité liée au change dépasse parfois celui du marché lui-même, surtout pour un investisseur français ou européen. Il est donc primordial de se demander : votre objectif est-il de profiter de l’évolution des sociétés ou de spéculer sur la devise ? Penser la gestion de patrimoine, c’est aussi se confronter à ce type de dilemme.

Le risque de change, un facteur clé souvent sous-estimé

Le risque de change reste souvent mis de côté par les investisseurs européens. Acquérir des actions américaines ou des obligations en dollars, c’est s’exposer à deux sources d’incertitude : la volatilité des marchés financiers et celle du marché des changes. Si l’euro perd 10 % face au dollar américain, la performance d’un portefeuille situé de l’autre côté de l’Atlantique se retrouve gonflée. Mais si l’euro se reprend, des mois de gains peuvent partir en fumée, même si les indices américains sont au sommet.

Depuis que les banques centrales ont pris l’habitude d’intervenir massivement, ce risque a pris de l’ampleur. Les annonces de la Fed ou de la BCE sur les taux d’intérêt déplacent des milliards sur le forex. Un différentiel de politique monétaire, une inflation surprise ou un climat géopolitique tendu peuvent créer des secousses sur l’eur/usd. Sur les cinq dernières années, la volatilité des devises a pu provoquer des écarts de performance de 15 % et plus pour un investisseur français exposé aux actifs américains.

Voici quelques points à garder en tête pour comprendre ce risque :

  • Rendement réel étroitement lié à la devise de référence.
  • Perte de capital possible sans stratégie de protection adaptée.
  • Le profil investisseur doit intégrer le risque de change dans la construction du portefeuille.

Un portefeuille sans couverture reste vulnérable à ce facteur. Ceux qui investissent à l’international le savent : le risque de change n’est jamais un détail, il s’impose comme une composante majeure à surveiller dans toute stratégie de placement.

Faut-il privilégier les actifs en dollars américains ?

Le dollar américain s’affirme, année après année, comme la valeur refuge planétaire. À chaque crise géopolitique ou économique, les flux se ruent sur les actifs libellés en dollars : guerre en Ukraine, tensions commerciales, incertitudes sur l’économie mondiale, rien n’échappe à ce réflexe. La Fed donne le tempo monétaire, tandis que la place américaine, avec ses indices S&P et Nasdaq, attire par sa profondeur et sa liquidité exceptionnelles.

L’attrait du marché américain est indéniable, mais accumuler du dollar ne fait pas disparaître le risque. La hausse des taux d’intérêt décidée par la Fed a fait grimper la devise, mais une inversion de tendance peut surgir à tout moment. Miser sur la diversification devient alors une nécessité. Certains choisissent l’or, d’autres s’ouvrent aux cryptomonnaies comme bitcoin ou ethereum pour équilibrer leur exposition au dollar.

Afin de mieux saisir les dynamiques récentes, quelques faits marquants :

  • En 2022, le dollar a nettement surclassé l’euro, profitant notamment des tensions énergétiques en Europe.
  • Depuis 2020, le Nasdaq et le S&P affichent des performances supérieures à la plupart des indices européens.
  • L’incertitude politique aux États-Unis, le possible retour de Donald Trump et la fin du cycle haussier des taux incitent cependant à la vigilance.

Le dollar américain reste une pièce maîtresse dans toute allocation internationale. Mais face à la volatilité persistante, mieux vaut composer un portefeuille équilibré : actifs en dollars, or et exposition à plusieurs secteurs, voilà une stratégie qui traverse les tempêtes.

investissement financier

Diversifier ses devises : conseils pratiques pour limiter les risques

Tout le monde le répète : diversifier, c’est la base. Mais sur le terrain des devises, l’erreur ne pardonne pas. La volatilité des taux de change exige une vigilance constante. Pour limiter les mauvaises surprises, la première étape consiste à opter pour un compte multidevises auprès d’un acteur reconnu : nombre de plateformes d’investissement, de interactive brokers à Swissquote, offrent un accès à plusieurs monnaies en quelques clics. Si cela ne supprime pas tous les risques, ce choix permet d’amortir les chocs quand l’euro/dollar s’emballe.

L’allocation ne se fait pas au hasard : panachez des ETF couvrant différentes régions, des fonds obligataires ou monétaires en dollars, sans négliger les actions européennes ou américaines. Pour l’assurance vie, privilégiez les contrats multisupports avec des unités de compte en devises étrangères. Les contrats luxembourgeois, par exemple, offrent une marge de manœuvre bienvenue pour jouer sur plusieurs tableaux.

De nombreux conseillers financiers suggèrent d’allouer entre 10 et 30 % de son portefeuille à des actifs non libellés en euros, selon l’appétence au risque. Certains investisseurs intègrent aussi une part de cryptomonnaies : leur corrélation parfois faible avec les marchés traditionnels attire ceux qui veulent élargir leur spectre.

Quelques recommandations concrètes pour limiter les faux pas :

  • Évaluez soigneusement la liquidité de chaque support d’investissement.
  • Gardez un œil attentif sur les frais de change et les spreads parfois dissimulés.
  • Privilégiez les ETF UCITS pour bénéficier d’un cadre fiscal et réglementaire rassurant.

La diversification monétaire exige méthode, choix d’intermédiaires fiables et suivi attentif. Gérer son patrimoine, c’est d’abord refuser la précipitation et s’armer contre les revers du marché, avant même de courir après les performances. L’équilibre, plus que la promesse de gains fulgurants, trace la voie d’un investisseur serein face aux secousses de la finance mondiale.